Tribunal permanent des peuples : Les violations des droits de l'homme en Algérie

 

Résumé du Dossier n° 6 : Les centres de torture et d’exécution

(Algeria-Watch et Salah-Eddine Sidhoum)

Dossier complet (pdf)


L’Algérie comporte un grand nombre de centres de détention secrète et de torture dépendant des forces dites de « sécurité ». Comme dans d’autres dictatures militaires, le terrorisme d’État entretient en effet le secret pour garantir l’impunité aux principaux responsables impliqués et surtout aux commanditaires. Si la torture est employée dans tous les lieux d’arrestation et de détention (et ce jusqu’à ce jour) dépendant des forces de sécurité (commissariats de police, brigades de gendarmerie, postes de gardes communaux et de miliciens, unités de l’ANP), la liquidation en masse de personnes arrêtées, telle qu’elle a été pratiquée dans les années 1994-1997, s’effectuait dans un nombre plus restreint de centres, tous contrôlés par le DRS (Département de renseignement et sécurité). Les services du DRS se sont particulièrement distingués dans les enlèvements, les séquestrations et les tortures — et ont causé directement la mort de dizaines de milliers de personnes depuis 1992.

L’organisation de l’opacité explique que, souvent, les chaînes de commandement officielles ne correspondent pas à la réalité du terrain (au point qu’il n’est pas rare, par exemple que des officiers du DRS puissent donner des ordres à des officiers de l’ANP de grade supérieur). Seuls les quelques généraux au cœur du pouvoir sans discontinuer depuis 1992 (essentiellement les généraux Larbi Belkheir, Mohamed Lamari, Mohamed Médiène, Smaïn Lamari, Kamel Abderrahmane, Brahim Fodhil Chérif) ont eu une vision d’ensemble des méthodes illégales employées par les différentes composantes de la « machine de mort » qu’ils ont déployée contre la population.

Tous les endroits où est pratiquée la torture ne sont pas connus, mais les témoignages de victimes et de militaires et officiers dissidents ont permis de dresser dans ce dossier une première liste de 96 centres. Du fait du caractère secret de l’organisation de la terreur d’État et de la difficulté à collecter les informations fiables, ce dossier ne propose qu’une description certainement encore incomplète du dispositif des centres de détention secrète, de torture et d’exécutions extrajudiciaires, description limitée à sept centres du DRS, ainsi qu’à trois commissariats et une brigade de gendarmerie. Ces centres figurent parmi les plus importants, mais il en existe de très nombreux autres, sans oublier ceux sur lesquels il n’a pas encore été possible de recueillir suffisamment d’informations.

Les centres décrits dans ce dossier (témoignages à l’appui) sont : 1) le CPMI (Centre principal militaire d’investigation) de Ben-Aknoun (Alger), structure rattachée à la DCSA (Direction centrale de la sécurité de l’armée) ; 2) le PCO (Poste de commandement opérationnel) de Châteauneuf est l’un des centres les plus importants et les plus connus d’Algérie : des personnes arrêtées dans tout le pays y ont été transférés ; 3) le centre Antar, siège du CPO (Centre principal des opérations) rattaché à la DCE (Direction du contre-espionnage du DRS), situé à Ben-Aknoun, Alger ; 4) le CTRI (Centre territorial de recherche et d’investigation) de la 1re région militaire, situé à Blida, appelé aussi « Haouch-Chnou » ; 5) le CTRI de la 5e région militaire ou « Centre Bellevue », situé à Constantine ; 6) le CTRI d’Oran de la 2e région militaire, ou « Centre Magenta » ; 7) la villa COOPAWI de Lakhdaria, centre contrôlé à la fois par le CLAS (Centre de conduite et de coordination des actions de lutte anti-subversive) et le DRS ; 8) les commissariats de police de Bourouba, le Central et Cavaignac, tous situés à Alger ; 9) la brigade de gendarmerie de Aïn-Naâdja (Birkhadem, Alger).

 

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